M. Faillie (Seenaps) : « Il faut structurer sa DSI dès le départ »

Pourquoi la mise en place d’une DSI est-elle un enjeu stratégique pour une franchise à croissance rapide ?

Michel Faillie : La DSI est un enjeu stratégique sur trois niveaux : la scalabilité, la sécurité et l’opérabilité.

• La scalabilité : une franchise en forte croissance doit s’assurer que ses outils IT suivent le rythme ; une DSI, pensée avec une architecture évolutive, permet d’intégrer de nouveaux franchisés sans difficulté, d’éviter les migrations coûteuses et d’assurer une infrastructure flexible.

• La sécurité : plus le réseau grandit, plus il devient vulnérable aux cyberattaques et aux erreurs humaines ; la DSI doit sécuriser les données, gérer les accès et sensibiliser les franchisés aux bonnes pratiques, tout en mettant en place des protocoles rigoureux pour préserver l’intégrité du réseau.

• L’opérabilité : l’interconnexion des outils et des processus est clé pour une gestion efficace ; une DSI bien structurée garantit l’interopérabilité des systèmes, automatise certaines tâches et assure un support technique rapide, facilitant ainsi le travail des franchisés.

À partir de quel stade de développement une franchise doit-elle structurer sa DSI ?

Michel Faillie : Il faut se structurer dès le départ. La partie IT doit être pensée dès la mise en place du modèle. Alors, c’est un investissement, c’est certain. Mais cela permet de gagner du temps dans le développement et la maîtrise de la croissance.

Quelles sont les meilleures pratiques que vous avez observées concernant les franchiseur à croissance rapides ?

Michel Faillie : Le succès d’une franchise à croissance rapide repose en grande partie sur la flexibilité et l’efficacité de son IT. Voici trois bonnes pratiques essentielles, que nous avons observées : une IT agile et évolutive (lorsque les systèmes d’information sont rigides, ils deviennent un frein à la croissance) ; une prise en compte des spécificités locales (une erreur courante est de penser une stratégie IT de manière trop centralisée, sans tenir compte des réalités opérationnelles des franchisés. Par exemple, lancer un site e-commerce sans anticiper l’impact sur les zones de chalandise des franchisés peut générer des conflits et perturber le réseau) ; un écosystème d’outils rationalisé et centralisé (il est crucial d’équiper les franchisés avec les bons outils, mais sans en accumuler trop. Un trop grand nombre de solutions devient ingérable. La solution est souvent de créer un hub central qui assure l’interface entre les différents outils métiers et garantit une gestion fluide, comme nous le faisons avec Seenaps).

Quels sont les points de vigilance de la DSI d'un franchiseur à croissance rapide ?

Michel Faillie : J’en vois trois. Le premier : éviter une IT trop complexe ; accumuler des outils et des fonctionnalités peut vite devenir un frein au lieu d’un levier. Le deuxième : la cybersécurité ; plus une franchise se développe, plus elle devient une cible pour les cyberattaques ; les enseignes ayant une forte visibilité doivent renforcer la protection de leurs données dès le départ pour éviter des failles qui pourraient mettre en péril tout le système. Le troisième : l’hétérogénéité des franchisés face au digital ; tous les franchisés n’ont pas le même niveau d’aisance avec les outils numériques, certains les adopteront naturellement, d’autres seront plus réfractaires, ce qui peut freiner la mise en place des systèmes ; il est donc crucial de bien évaluer ses futurs franchisés en tenant compte de leur appétence pour le digital, et de prévoir le cas échéant un accompagnement adapté.

Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui souhaitent devenir franchiseur à croissance rapide ?

Michel Faillie : Mon principal conseil est d’investir dans une DSI robuste dès le départ. Par ailleurs, la sécurisation des données doit être une priorité absolue : ce n’est pas une option mais un enjeu stratégique majeur. Enfin, il est essentiel, à mon sens, d’adopter une vision centrée sur le franchisé. Trop souvent, les franchiseurs conçoivent leur modèle en fonction de leurs propres besoins, sans penser suffisamment à l’expérience utilisateur des franchisés. Or, ce sont eux qui font vivre le réseau : plus leur quotidien est facilité, plus la croissance sera pérenne.